Comment s’est déroulé ton travail de préparation? Quelle a été ta vision de l’histoire et surtout comment as-tu déterminé les directions esthétiques?
Martin Cadotte : Cette série jeunesse pour les 9 à 12 ans, je l’ai tout de suite qualifiée de fantastico-réaliste! Mon point de départ était d’avoir de vrais impacts sur les thématiques jeunesse et de prendre en comptes les valeurs et les habitudes des enfants. Le fait d’avoir eu la chance, il y a quelques années, avant Motel Monstre, de faire une petite enquête auprès de jeunes dans des écoles m’a beaucoup aidé. Aussi, me dire que c’était une série fantastico-réaliste, me permettait de partir du principe que les plus grandes folies au monde étaient possibles, et surtout crédibles. Il suffisait d’y croire et de les présenter comme telles. Tout devait être judicieusement inclus dans le scénario et à partir de là, les éléments existaient d’eux-mêmes. Une fois le décodeur de ma série trouvé, je pouvais aller n’importe où, c’était exaltant. Pour faire ressortir le côté magique de la série, nous avons énormément travaillé avec l’équipe de tournage et le monteur sur les effets spéciaux, même si en série jeunesse on manque cruellement de temps. J’ai fait également des recherches et je me suis même commandé des vidéos en ligne d’effets spéciaux réalisables avec très peu de moyens. C’est ainsi que nous avons réussi à jumeler effets spéciaux et jeu de caméra comme pouvait le faire au début Georges Méliès. Concernant la structure visuelle de la série, ma première question était de savoir comment nous pouvions transporter les jeunes dans un univers scénaristique et idéologique qui leur ressemble avec un ton jeune, accrocheur et ludique. Il fallait à tout prix éviter d’être moralisateur. La deuxième question était de savoir comment avoir une esthétique remplie de mystère et de fantastique, un univers cinématographique qui incluait rythme et rapidité.
Je voulais aussi apporter un petit côté gothique à l’univers visuel dans la lumière, les décors, les costumes et le maquillage. On a choisi de travailler avec des couleurs vives et contrastées. Je me suis également beaucoup inspiré de Corpse Bride. Dans un deuxième temps, il a fallu trouver le ton de la série, ce qui est l’élément le plus important pour moi. Je fais toujours un document de réalisation qui compile mes recherches et les discussions que j’ai pu avoir avec l’équipe de tournage et les différents départements lors de la phase préparatoire. Ce document nous permet de mettre les « balises ». Avec Motel Monstre, on s’est donné comme objectif de toujours rester dans le réalisme, et ce malgré le côté fantastique du projet. C’était l’essence même du projet.