Mars 2023
Par Habibata Ouarme et Isabelle Rhéaume
Habibata Ouarme a toujours voulu faire un film portant sur les mutilations génitales féminines (MGF). Bien que le sujet ait été au cœur de plusieurs documentaires déjà, elle désirait jeter une lumière différente sur ce que des milliers de femmes subissent tous les jours. C’est donc aux côtés de deux amies canadiennes d’origine africaine qu’on peut suivre le parcours pas toujours évident de la reconstruction autant physique que mentale.
En 2019, soutenue par l’ONF, la réalisatrice se lance dans la recherche et le développement de cette aventure. C’est en 2020, en partenariat avec son conjoint, le réalisateur Jim Donovan, que le tournage commence.
Pour son documentaire, Habibata devait trouver une femme qui avait subit une MGF, qui désirait faire les démarches pour la chirurgie restauratrice et qui acceptait d’être le sujet d’un documentaire. Siégeant sur le conseil d’administration du Réseau d’action pour l’égalité des femmes immigrées et racisées du Québec (RAFIQ), elle a pu se servir de cette tribune pour lancer sa recherche. Après un premier revers – elle pensait bien avoir trouvé la bonne personne, l’équipe a dû reprendre ses recherches après quelques mois. Heureusement, elle fait la rencontre de Safieta dont vous pourrez découvrir l’histoire et être spectateur d’une partie de sa transformation en écoutant le film. À l’aide du soutien d’Habibata et de Zailab, nous sommes témoins de son parcours en sol canadien et africain.
Bien que le sujet soit grave, Koromouso est un documentaire touchant, lumineux, plein d’espoir qui met en lumière l’importance du soutien et de l’amitié entre femmes malgré leur traumatisme.
On découvre aussi qu’il n’est pas simple pour les femmes qui désirent entamer le processus de reconstruction de faire face à tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin ici au Canada.
Les interventions du psychothérapeute de l’Université d’Ottawa et de la chirurgienne de Toronto nous aident à bien saisir l’ampleur du phénomène et de ses répercussions.
Le film a été tourné au Canada et en Afrique. La portion tournée en Afrique a été filmée à l’aide d’un iPhone 12 promax pour offrir à la réalisatrice plus de flexibilité et faciliter le transport. Habibata a donc voulu que cette partie soit présentée plus sous forme d’un journal intime et d’aventure. Pour ce faire, elle a favorisé l’image et l’histoire par rapport au son.
Puisqu’elle était seule pour accompagner Safieta lors du voyage pour sa chirurgie au Burkina Faso, elle a pu entrer en salle de chirurgie! C’était une belle surprise qui lui a permis d’être aux côtés de son amie jusqu’au bout.
Son coréalisateur, Jim, est venu la rejoindre en Côte-d’Ivoire par la suite où ils ont poursuivi le tournage.
S’il y a une chose que la réalisatrice a appréciée, c’est l’accompagnement serré de son partenaire et producteur, l’ONF.
« Pour un cinéaste émergent, c’est un bon apprentissage de travailler avec l’ONF car on passe par toutes les sphères et tout le processus. Il faut savourer le processus même si c’est parfois long ».
Elle a aussi dû s’ajuster pour travailler avec son coréalisateur qui est un cinéaste expérimenté. C’est en trouvant des points communs et en lâchant parfois prise qu’ils ont réussi leur pari.
Koromousso fera sa grande première mondiale le 9 mars lors du Human Rights Festival à Toronto. Ce sera ensuite au tour de sa première internationale qui aura lieu à Londres le 23 mars.
Habibata Ouarme, scénariste et réalisatrice
Jim Donovan, scénariste et réalisateur
Christine Aubé, productrice
Denis McReady, producteur et producteur exécutif
Nathalie Cloutier, productrice exécutive
Une production de l’Office national du film du Canada